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samedi, janvier 22, 2011

Rapport Bastarache : Jos Public n’est pas joyeux

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Jos Public n’est pas joyeux

J’ai croisé Jos Public, cette semaine, au café du coin.

Vous connaissez Jos: Un homme tranquille, réservé, peu bavard, mais très attentif à ce qui l’entoure. Quand il s’exprime, il parle comme vous et moi, et on dirait le gros bon sens incarné.

Il avait devant lui le quotidien du jour, celui qui rapportait les réactions au rapport du commissaire Bastarache. Et il n’avait pas l’air joyeux, notre Jos.

«Je comprends que le rapport soit discutable» lui dis-je, «mais avoues que pour toi, Jos Public, ce fut l’occasion de comprendre comment ça se passe, la nomination des juges. Et en démocratie, c’est important, non?»

    «Ouain», répondit-il, «mais ça m’a surtout permis de comprendre que mon cynisme envers la classe politique et ce qui l’entoure est bien justifié. Je me doutais qu’il y avait de l’entourloupette, mais à ce point!

    En écoutant la commission et en entendant monsieur Bastarache présenter son rapport, j’ai eu la confirmation que des avocats donnent à la caisse et s’attendent à un retour d’ascenceur, comme une nomination à la magistrature. Ça a été dit et accepté en preuve.

    J’ai eu la confirmation que des administrateurs donnent à la caisse et s’attendent à un retour d’ascenceur, comme une nomination à la tête d’une société d’état. Ça a été dit et accepté en preuve.

    Moi, Jos Public, j’en conclus donc que lorsqu’un entrepreneur, le propriétaire d’une entreprise de construction ou de tout autre compagnie offrant des services, donne personnellement à la caisse d’un parti, il s’attend à un retour d’ascenseur, pour lui ou pour sa compagnie. Non? Même monsieur Fava a admis qu’il proposait des candidatures, mais que les juges, ça ne l’intéressait pas. On est donc en droit de penser à d’autres sortes d’entrepreneurs, des hommes d’affaires. Si tel est le cas, si ces gens donnent au parti et reçoivent du gouvernement en retour, on appelle ça de la corruption, et ça nécessite une enquête publique. Mais on n’écoute pas Jos Public quand il demande ça.

    On a même appris qu’au bureau de monsieur Charest, il y a cette dame, très gentille, j’en suis certain, qui est payée par l’Assemblée nationale pour travailler auprès de notre Premier ministre, mais dont une des fonctions est de recevoir les recommandations des argentiers du parti. Recommandations qu’elle note, et qu’elle refile à son patron lorsque vient le temps d’une nomination. La banque de candidats, elle a une couleur, au bureau du Premier ministre : rouge ici, bleue là. C’est normal, et c’est acceptable, selon monsieur Charest. Et selon monsieur le commissaire.

    Des politiciens qui s’accusent, des avocats qui se contredisent l’un l’autre sous serment, des témoins qui pensent plus à leur avancement professionnel qu’à la vérité : c’est ça que je retiens de la commission Bastarache. Je réalise que mon cynisme est justifié. On me l’a démontré dans une téléréalité morbide, jusqu’au pathétique rapport final, qui me rappelle tristement qu’il n’y a aucune volonté de changement, que le politicien, il se balance de Jos Public.

    Oh oui, on va s’en rappeler, de la commission Bastarache. On se rappellera que cet été là, les politiciens et leurs lèche-fond-de-culottes sont venus devant les caméras pour nous dire qu’ils se foutent de Jos Public, de ce qu’il pense, de ce qu’il veut, et de ce dont il a besoin.

    Ils s’en foutent, parce que quand viendront les élections, ils vont nous rappeler qu’ils nous ont donné un bel amphithéâtre, et ils vont nous en promettre d’autres, dans toutes les villes, et dans tous les villages. Et on va les croire. Et on va voter pour eux. Encore. Ou pour l’autre.

    Ils sont tous pareils.»


Puis Jos Public s’est à nouveau replié dans son silence.

Non, Jos Public n’est pas joyeux, par les temps qui courent. Mais méfiez-vous, il n’est pas résigné pour autant. Un matin, Jos Public va se lever, et il va parler… Fort! Assez fort pour que ceux qui se sont fait élire sous de fausses promesses l’entendent. Et le craignent tellement qu’ils n’auront d’autre choix que de l’écouter.


http://lesanalystes.wordpress.com/2011/01/21/jos-public-n%E2%80%99est-pas-joyeux/












;-D