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mardi, novembre 15, 2011

S’INDIGNER, ÇA COÛTE RIEN

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C’est décidé. Je m’indigne. Y a pas de raison de manquer une aussi belle occasion de réduire mes dépenses.

Je vais me trouver une cause. Des causes. Une multitude de causes.

Je vais me trouver du logement à prix très, très modique.

Je vais me procurer une tente et je vais la planter dans un parc public, en plein centre-ville, près de tous les services.  Avec des amis. Une  tente à gauche de la mienne. Et une autre tente à gauche de l’autre tente. À gauche, toutes. S’indigner, ça coûte rien.

(Une cause, si vous  me le demandez : Les vélos. C’est beau, un bycique.)

Je vais me brancher sur l’électricité du locataire actuel. S’indigner, ça coûte rien.

(Une autre cause, si vous me le demandez : Les banques. Elles font trop d’argent, et moi, pas assez.)

Je vais m’équiper de bonbonnes de propane et d’une cordée de bois de chauffage. Je vais faire comme en forêt, mais en plein centre-ville. S’indigner, ça coûte rien.

(Une autre cause, si vous me le demandez : L’environnement. C’est à la mode. Une valeur sure.)

Je vais courir les kodaks pour montrer que je fais pitié, et les gens vont venir me nourrir, comme un pigeon. S’indigner, ça coûte rien.

(Une autre cause, si vous me le demandez : Les frais de scolarités (même si je ne fréquente plus l’école depuis l’époque de René Lévesque.)

Je vais utiliser les toilettes publiques du stationnement public. S’indigner, ça coûte rien.

(Une autre cause, si vous me le demandez : L’argent. Y en a trop ailleurs, et pas assez dans mes poches.)

Je vais inviter une grande centrale syndicale à venir sur mon site pour y intimider les négativistes qui refusent de m’appuyer. S’indigner, ça coûte rien. Pas plus que le recrutement.

(Une autre cause, si vous me le demandez : dénoncer le gouvernement, pour tout et pour n’importe quoi. C’est toute de leur faute.)

Pour faire encore plus pitié, je vais accuser les méchantes radios-poubelles de tous mes maux, y compris inventer un incendie criminel et les en accuser. S’indigner, ça coûte rien.

(Une autre cause, si vous me le demandez : le transport en commun. Comme ça, j’use moins la BM de ma mère)

En bout de ligne, je vais me retrouver logé, nourri, éclairé et chauffé pour pas une cenne. S’indigner, ça coûte rien.

Quand les pompiers vont débarquer pour vérifier l’état des lieux, je vais les accuser de harcèlement. S’indigner, ça coûte rien.
Quand les policiers vont débarquer pour vérifier la sécurité des lieux, je vais les accuser de brutalité policière. S’indigner, ça coûte rien.

(Une autre cause, si vous me le demandez : le logement social. Mais dans mon cas, c’est plus un problème. J’ai toute gratos. Au nom de la démocratie.)

Quand les autorités vont me demander de rendre l’espace public que j’occupe aux citoyens,  je vais accuser le maire de tous mes problèmes et le traiter de tous les noms. S’indigner, ça coûte rien.

Et quand les médias vont me demander «quesse-tu revendiques?», je vais dénoncer l’écart grandissant entre pauvres et riches, au profit du 1% des gens les plus fortunés, l’aide financière publique récemment octroyée aux banques. Et je vais dénoncer l’augmentation du taux de chômage, l’appauvrissement relatif de la classe moyenne, et la baisse du prix des maisons. Et je vais dénoncer l’augmentation du taux de pauvreté, la hausse faramineuse du coût de l’assurance-santé, la croissance phénoménale de la dette publique. (Et je vais remercier au passage Éric Duhaime, l’ami de tous les Indignés, pour cette liste exhaustive que je n’aurais pas su élaborer moi-même).

Après tout, s’indigner, ça coûte rien.










;-D