Ma photo
Rétro-information, veille et suivi-média en temps réel.

vendredi, octobre 01, 2010

Bastarache : Il ne peut pas y avoir deux vérités, monsieur Charest

+ + +
Revenons si vous le voulez bien sur deux portions du témoignage de monsieur Charest et comparons:

D'une part, il nie le témoignage de Bellemare et se justifie ainsi: «Si mon ministre de la Justice m’avait dit qu’il avait de la pression pour nommer des juges, je m’en souviendrais. C’aurait été inacceptable et on n’aurait pas toléré ça, on aurait pris des moyens pour corriger ça.»

Par ailleurs, on apprend qu'un «solliciteur» de fonds du PLQ (en l'occurrence Charles Rondeau) entre régulièrement dans le bureau de Chantal Landry pour l’aider à faire le tri dans la courte liste de personnes susceptibles d’être nommées à des postes importants par le gouvernement. Y compris des avocats désirant devenir juges. Ce à quoi Jean Charest rétorque: «Je ne suis pas mal à l’aise du tout de ces rencontres-là.»

Donc, il sait pertinemment que des grands argentiers du parti pistonnent des nominations, il trouve ça normal, et du même souffle, il déclare que si son ministre de la Justice Marc Bellemare lui avait fait part d'une telle situation, il s'en souviendrait sous prétexte que ça aurait été inacceptable : «On n’aurait pas toléré ça».

Dites-nous, monsieur le Premier ministre, à nous le bon peuple : On tolère ou on ne tolère pas? C'est acceptable ou ça ne l'est pas? C'est normal ou pas?

En d'autre mots, monsieur Jean Charest: c'est quoi, la vérité dans ces deux déclarations? Il faut que ce soit l'une ou l'autre. Mais il ne peut pas y avoir deux vérités, monsieur Charest.













;-D

1 commentaire:

Réal a dit...

Je suis un juge administratif maintenant à la retraite. J'ai donc eu constamment à déterminer qui disait vrai et qui disait faux.

Tout d'abord, il faut savoir que la simple négation ne constitue pas une preuve: c'est trop facile de nier! Si l'on soutient qu'une affirmation n'est pas vrai, il faut en faire la preuve, soit en faisant une contre-preuve des faits mentionnés, ou encore en attaquant la crédibilité de la personne qui affirme une chose.

La crédibilité d'un témoin s'évalue ainsi: se contredit-il? Ses affirmations sont-elles censées et a-t-il lui-même une preuve des faits qu'il affirme.

Bellemare ne s'est pas contredit. La preuve matérielle des faits mis en preuve par lui (ses notes personnelles, son agenda) a été vérifiée, on a même vérifié qu'il n'y avait pas eu de manipulation de notes!
En contrepartie, il n'y a eu aucune vérification de l'agenda de Jean Charest (la seule preuve matérielle qu'il a fourni) et il n'y a pas eu non plus vérification du procès-verbal de la réunion libérale à laquelle Bellemare a participé, pas de vérification de l'heure de départ de Bellemare (d'ailleurs, depuis quand note-t-on l'heure de départ des participants à une réunion? On note la présence au procès-verbal, mais pas le départ!
Donc la seule preuve voulant que Bellemare ait passé la soirée du 2 septembre à cette réunion repose sur des témoignages, de témoins qui nient tout.

Et nous apprenons, comme juge, qu'une affirmation l'emporte toujours sur une négation. Lorsque nous ne pouvons faire de preuve, il est courant de nier simplement. Celui qui affirme ne peut tout de même totalement inventé des événements qu'il décrit souvent avec beaucoup de détails!
Autre chose: quel serait l'intérêt de Bellemare d'inventer tout? Qu'a-t-il à retirer de tout cela? Une simple vengeance, comme semblent le dire le clan du premier ministre? Quelle vengeance? C'est lui qui a décidé de démissionner! Il n'a pas été mis à la porte!

Réal Brassard