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En cette semaine de budget, alors qu’on tente de nous faire croire  que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, un proche a eu  des problèmes de santé.
Vendredi soir dernier, bien que dans la jeune trentaine, on a  constaté que sa pression artérielle était anormalement haute. Il lui a  fallu se rendre passer de longues heures à l’urgence pour avoir ce  diagnostique. Près de 12 heures, pour être précis.
Aujourd’hui, on ne prescrit plus, à l’urgence, on recommande. On lui a  donc recommandé de rencontrer le plus rapidement possible son médecin  de famille afin de se faire prescrire une médication adéquate. Au matin,  il a appelé pour un rendez-vous: «fin juillet», lui a-t-on dit. Il  n’avait donc, littéralement, qu’à prendre son mal en patience.
La semaine passe. Mercredi matin, il s’est blessé au poignet alors qu’il était au travail. Les règles sont strictes, dans l’entreprise privée: vas voir un médecin, demandes-lui de compléter ce formulaire à l’attention de la CSST et de nous remettre une en même temps note afin qu’on t’assigne aux travaux légers.
La semaine passe. Mercredi matin, il s’est blessé au poignet alors qu’il était au travail. Les règles sont strictes, dans l’entreprise privée: vas voir un médecin, demandes-lui de compléter ce formulaire à l’attention de la CSST et de nous remettre une en même temps note afin qu’on t’assigne aux travaux légers.
Il a donc quitté son travail pour se rendre à sa clinique familiale,  qui reçoit aussi des patients sans rendez-vous. 10 heures du matin,  bondée! On lui dit de ne pas attendre inutilement, de revenir vers la  fin de l’après-midi. Ce qu’il fait. 16 heures 30 : la clinique est  encore plus bondée. Elle déborde, même.
On lui recommande de se rendre dans une urgence, qu’il aurait plus de  chance d’y faire examiner son poignet rouge d’enflure. Il entre à  l’hôpital le plus près à 18 heures. Il passe par l’inévitable triage, et  il attend. Et il attend. Lentement, un à un,  d’autres patients dont  les besoins sont manifestement plus urgents que le sien défilent vers  les salles privées.
21 heures… 23 heures 50…2 heures 25… Finalement, à 4 heures 45, on  l’appelle… Pour lui dire qu’il  ne pourra pas voir de médecin, trop  débordés qu’ils étaient en cette nuit somme toute normale à l’urgence :  trop de patients pour trop peu de personnel. C’est pas leur faute.
On lui recommande (on recommande beaucoup, dans notre système)  d’aller se présenter à sa clinique familiale, celle d’où il arrivait la  veille.
Il s’y présente à 8 heures, attendant avec déjà d’autres patients  l’ouverture prévue pour 9 heures. Il s’inscrit, et il attend.  Vers 11  heures 30, il rencontre l’infirmière en charge du triage. La raison de  sa visite? Son poignet toujours aussi foulé, et cette tension artérielle  pour laquelle il doit rapidement consulter un médecin.
Oups! Au sans rendez-vous, quand on est débordé, les docteurs ne  peuvent allouer que cinq minutes par client. Pas une minute de plus.  Impossible donc de consulter pour deux malaises physiques, aussi  incommodants ou sérieux soient-ils.
Il doit donc choisir: soit il voit le médecin pour sa tension, et il  aura alors vraisemblablement une ordonnance et les recommandations  (encore) d’usage,  soit il ne le voit que pour son poignet, pour se fait  prescrire un onguent et une orthèse, pour lui demander de compléter le  formulaire pour la CSST, et pour qu’il puisse retourner travailler le  lendemain. En espérant que sa tension surélevée ne lui fasse pas  exploser les artères d’ici juillet. Le poignet ou les artères? L’auto ou  la bicyclette? L’œuf ou l’argent?
Il choisit le poignet, se disant qu’il valait mieux travailler, que  si ses artères le lâchent, il aura au moins quelques sous pour payer ses  pilules.
Cinq  minutes. En bout de ligne, c’est tout ce qui vous est alloué  pour prendre soin de votre santé, après qu’on vous ait saigné de votre  dernier sou noir. Mais on est gentils, on vous laisse le choix.  Aujourd’hui, au menu, le spécial cinq minutes du chef, c’était les  articulations ou les artères.
 Ce système se dégrade de jours en jours. Et c’est pas un budget insipide  dont tous les fils dépassent qui va y changer quelque chose. Pas tant  qu’on sera géré ainsi par une bande d’inconscients!
;-D

 
 
1 commentaire:
Ça, c'est un cas concret et bien malheureux. Au fait, comment va-t-il ?
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