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dimanche, mars 28, 2010

FTQ-Construction et CCQ: des liens serrés

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EXCLUSIVITÉ TVA : 
(Souvenons-nous, lors du point de presse suivant sa rencontre avec Arseneault, Sam Hamad soulignait l'intégrité et l'impartialité de la CCQ! )


FTQ-Construction et CCQ: des liens serrés

Agence QMI
Andrew McIntosh
28/03/2010

MONTRÉAL - L’organisme chargé de surveiller et d’encadrer le secteur de la construction au Québec emploie plusieurs membres des familles des dirigeants de la FTQ-Construction, révèle une enquête menée par TVA Nouvelles et l’Agence QMI.

Ce recours par la Commission de la construction du Québec (CCQ) aux familles des responsables de la FTQ-Construction inquiète les spécialistes en éthique. Cette situation, estiment-ils, créée non seulement des liens «incestueux» entre les deux organismes, mais remet aussi en cause l’impartialité et l’indépendance de la CCQ.
La plupart des hauts dirigeants de la FTQ-Construction comptent des membres de leurs familles immédiates à l’emploi de la CCQ.
L’enquête de TVA Nouvelles et de l’Agence QMI a permis de mettre à jour les liens suivants:


  • Richard Goyette, directeur général de la FTQ-Construction: sa conjointe est à l’emploi de la Commission.
  • Alain Pigeon, directeur général adjoint de la FTQ-Construction: sa sœur est agente de bureau à la Commission.
  • Yves Mercure, président de la FTQ-Construction: sa fille travaille à la Commission.
  • Yves Ouellet, vice-président de la FTQ-Construction: sa fille travaille à la Commission.
  • Pierre Morin, directeur à l’organisation de la FTQ-Construction: sa conjointe est à l’emploi de la Commission.
  • Robert Paul, le directeur des opérations de la FTQ-Construction: sa fille et son gendre travaillent tous deux à la CCQ. Son gendre, un inspecteur, était auparavant un employé et délégué syndical de la FTQ.
Jointe au téléphone, la fille d’Yves Mercure est restée muette quand on lui a demandé d'expliquer comment elle avait pu dénicher son poste à la CCQ.

Le porte-parole de la CCQ, André Martin, n’a pas voulu commenter les liens familiaux des employés de son organisme. Il a expliqué que les renseignements personnels (les «renseignements nominatifs») ne peuvent pas être communiqués à cause des dispositions l’interdisant dans la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.

Néanmoins, M. Martin a dit que tous les employés embauchés par la commission doivent subir un processus de sélection formel, incluant des tests de compétences, et qu’ils doivent démontrer qu'ils ont les capacités pour effectuer leurs tâches.

Même discours du côté de la FTQ-Construction. Éric Demers, son porte-parole, soutient que tous les membres des familles des dirigeants de la FTQ qui ont été embauchés par la CCQ ont été sélectionnés selon les règles en place, ajoutant qu’«ils ont été jugés les plus compétents pour occuper ces postes-là». M. Demers a confirmé que des liens familiaux existent entre des dirigeants du syndicat et plusieurs employés de la CCQ, se refusant toutefois, pour des raisons de respect de la vie privée, à l’instar de la CCQ, de commenter des cas précis.

Pas inhabituel
Selon M. Martin, il n’est pas inhabituel de compter des membres des familles des dirigeants syndicaux dans le personnel de la CCQ. «Il est un peu normal que les gens qui gravitent dans ou autour le monde de la construction, soit du côté syndical ou patronal, s'intéressent à des postes à la commission », a-t-il soutenu. À son avis, cela ne remet pas en question l’impartialité de la commission.

La majorité des employés de la CCQ sont eux-mêmes syndiqués et membres de la FTQ, mais les enquêteurs qui examinent les cas de menaces, de harcèlement et d’intimidation ne sont pas des syndiqués.

La CCQ est un organisme «paritaire». Avec plus de 900 employés et un budget de 100 millions $, ses activités sont financées par les syndicats et les associations patronales du milieu de la construction. L’organisme public jouit de pouvoirs importants délégués par le gouvernement, comme celui d’enquêter sur les chantiers.

Des dirigeants des centrales rivales de la FTQ, comme la CSN et le Conseil provincial des métiers de la construction (International), ont aussi des membres de leur famille immédiate à l’emploi de la CCQ, comme l’enquête de TVA Nouvelles et de l’Agence QMI a démontré.

Mais pas dans les mêmes proportions que ceux de la FTQ.

Au sein de la CCQ, un service est particulièrement névralgique: celui de la division de l’inspection. Les inspecteurs ont le pouvoir, par exemple, de recommander la fermeture de chantiers en cas de problème.

Cette division est dirigée par Richard Massé, le frère d'Henri Massé, l’ancien président de la FTQ. Toutes les sources que nous avons consultées s’entendent pour louer les compétences de Richard Massé.

Des coïncidences
N’empêche, tous ces cas révèlent un portrait rempli de liens serrés entre des employés de la CCQ et la FTQ-Construction, qui soulève bien des questions.

René Villemure, président de l’Institut en éthique appliquée du Québec, affirme que cette situation le trouble. «Je suis inquiet, j’ai des doutes. Je me dis que c’est un paquet de coïncidences et ça n’arrive jamais seul», explique-t-il.

«La Commission de la construction, ajoute-t-il, est un organisme de surveillance qui dispose de grands pouvoirs. Elle peut pénétrer sur un chantier, elle peut faire des vérifications. Avec ces grands pouvoirs vient une exigence d’exemplarité et, dans ce cas-là, ça ne me semble pas être au rendez-vous.»

M. Villemure, une sommité au Québec en matière d’éthique, est donc préoccupé par les liens trop étroits entre les hauts dirigeants syndicaux et la CCQ, un organisme qui est censé surveiller les syndicats.

«Il y a un risque de dérive, parce qu’il y a des liens trop étroits, qui, pris individuellement, ne sont pas si mal, mais dont la totalité a l’air un petit peu incestueuse», dit-il.

Éric Demers assure qu’«il n’y a pas eu d'interventions, de près ou de loin, dans ce sens-là» et qu’«il n’y a absolument rien de reprochable dans ce dossier-là». Selon lui, aucun de ces employés n’occupe un poste où il pourrait faire profiter la FTQ, aux dépens d'un autre syndicat. «Une politique en matière de conflit d'intérêts est en vigueur», assure-t-il.

M. Villemure, de l’Institut en éthique appliquée du Québec, suggère pour sa part qu’«il y a un risque qui ne s’est peut-être pas matérialisé, mais qui est bien réel.»
http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/archives/2010/03/20100328-174146.html

;-D

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